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    Lorsqu'il reprit conscience, il coulait. Il tenta bien d'ouvrir les yeux mais les referma aussi sec quand l'eau salée, brûlante, s'engouffra sous ses paupières. Où diable était-il? Comment s'était-il retrouvé là? Ses souvenirs lui échappaient. Il discernait bien quelques vagues sensations, quelques tableaux flous mais ils demeuraient à peine plus cohérents que les restes d'un rêve déjà enfuit au petit matin. Il ne se souvenait de rien. Et il coulait.

     

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    A force de persévérance, il parvint à ouvrir les yeux et commença à nager vers ce qu'il supposait être la surface. Il devait remonter. Il fallait qu'il respire. Mais il se sentait si faible, le moindre mouvement lui causait de profondes douleurs dans chacun de ses muscles. Sa tête bourdonnait, ses poumons en feu réclamaient un air qu'il ne pouvait trouver ici. Il devait atteindre la surface s'il tenait à survivre mais il doutait d'en avoir la force et le désespoir le prit.

     

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    Tout son corps s'agitait de spasmes. L'imminence du point de non retour, celui où le manque d'oxygène serait trop fort pour espérer une quelconque survie déclencha une décharge d'adrénaline dans son organisme. Malgré la douleur et cette étrange faiblesse il se démena vers la lumière, aussi vite qu'il le pouvait, s'accrochant au dernier espoir qu'il lui restait de pouvoir demeurer en vie.

     

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    Pourtant, malgré tout ses efforts, un spasme plus fort que les autres le secoua des pieds à la tête. Sa bouche s'ouvrit en grand pour aspirer de l'air mais ne trouva que la masse d'eau opaque qui constituait le milieu de son éveil. L'eau salée s'engouffra désagréablement dans sa trachée puis ses poumons, atrocement brûlante. Alors qu'il s'engourdissait et perdait conscience, il tendit une main vers la surface, coulant comme une pierre vers le fond d'un noir d'encre. Là ou sa vie aurait dû défiler devant ses yeux, pour lui apporter quelques derniers souvenirs doux et rassurants auquels s'accrocher, ses derniers regrets, ce qu'il n'aurait pas aimé quitter, ne vint qu'un mur blanc et lisse. Il mourrait sans même savoir qui il avait été.

     

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    Il sentit à peine qu'on l'attrapait et qu'on le hissait vers le haut. La sensation que lui procura la brise marine sur son visage lorsqu'il franchit la barrière d'eau lui parut à peine plus réelle qu'un lointain rêve et même la toux violente qui le secoua de part en part pour expulser l'eau de mer ne lui laissa que de vagues souvenirs.

     

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    La seule chose qui s'ancra dans sa mémoire fût un visage. Un visage doux et rassurant qui se penchait sur lui avec inquiétude. Il aurait aimé pouvoir articuler quelque chose, exprimer sa gratitude. Mais avant même d'avoir réussi à le formuler dans sa tête, il sombra dans l'inconscience la plus lourde et la plus noire qu'il n'eut jamais connue.


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