• Les Secrets d'Yshia

    Il y'a 5000 ans s'éteignait le dernier Roi Dragon et le temps de l'esclavage des mortels. Mais avec lui, tombait aussi la seule barrière qui protégeait les habitants de cette terre enchanteresse de la menace des Dragons.

    Livrés à eux même, les peuples d'Yshia se réfugièrent derrière la dernière protection qui lui restait, la famille impériale. Cette dernière usa de toute les ressources à sa disposition et érigea une tour de protection, utilisant les ossements du dernier Roi Dragon pour redresser la même barrière qui autrefois, protégeait les habitants d'Yshia. Mais le prix à payer pour maintenir la tour active est un lourd tribu que les gens d'Yshia ne sont plus sûr de vouloir payer...
    Lorsqu'il se réveille, il n'a pas le moindre souvenir et dérive au gré des flots, sur un océan qui lui est inconnu. Faible, il pense sombrer et se noyer là, sans même savoir qui il est et à quoi pouvait bien ressembler sa vie. Mais c'est à cet instant qu'un groupe de pêcheur le sauve. D'eux, il ne gardera en mémoire qu'Alessa. Alessa qui le soigne et le rebaptise Poséïdon.

    Amnésique, Posé£idon décide de partir à la recherche de son passé, en compagnie d'Alessa. Un passé sombre, qui semble lié aux derniers tourments que vit le monde d'Yshia...

    Viki est un assassin, de l'ordre des Corbeaux. Les meilleurs de tous. Alors qu'elle devait effectuer une mission simple dans la capitale, elle est trahie par celui en qui elle avait le plus confiance. Nîrh, qui semble porter beaucoup plus d'intérêt à une vieille relique possédée par la victime qu'au serment qu'il a fait aux Corbeaux. Livrée à elle même et considérée comme une traîtresse aux yeux de ceux qui constituaient sa famille jusqu'à lors, sa seule chance de survie est de conserver la relique cachée en attendant de comprendre le pouvoir qu'elle renferme et l'utiliser à ses fins. Pour cela, elle choisit de jouer du hasard, en faisant croire à une bande de chasseur de Dragon que la relique leur permettra de vaincte Annïmhal, le Dragon qui terrifie le village Bellerfeld où ils vivent. Ce qu'elle ignore, c'est ce que l'utilisation de la relique risque de déclencher : une vieille prophétie de plusieurs dizaines de millénaires annonçant le retour des Rois Dragons et avec eux, l'asservissement des peuples mortels d'Yshia.

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    Les Secrets d'Yshia


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    Lorsqu'il reprit conscience, il coulait. Il tenta bien d'ouvrir les yeux mais les referma aussi sec quand l'eau salée, brûlante, s'engouffra sous ses paupières. Où diable était-il? Comment s'était-il retrouvé là? Ses souvenirs lui échappaient. Il discernait bien quelques vagues sensations, quelques tableaux flous mais ils demeuraient à peine plus cohérents que les restes d'un rêve déjà enfuit au petit matin. Il ne se souvenait de rien. Et il coulait.

     

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    A force de persévérance, il parvint à ouvrir les yeux et commença à nager vers ce qu'il supposait être la surface. Il devait remonter. Il fallait qu'il respire. Mais il se sentait si faible, le moindre mouvement lui causait de profondes douleurs dans chacun de ses muscles. Sa tête bourdonnait, ses poumons en feu réclamaient un air qu'il ne pouvait trouver ici. Il devait atteindre la surface s'il tenait à survivre mais il doutait d'en avoir la force et le désespoir le prit.

     

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    Tout son corps s'agitait de spasmes. L'imminence du point de non retour, celui où le manque d'oxygène serait trop fort pour espérer une quelconque survie déclencha une décharge d'adrénaline dans son organisme. Malgré la douleur et cette étrange faiblesse il se démena vers la lumière, aussi vite qu'il le pouvait, s'accrochant au dernier espoir qu'il lui restait de pouvoir demeurer en vie.

     

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    Pourtant, malgré tout ses efforts, un spasme plus fort que les autres le secoua des pieds à la tête. Sa bouche s'ouvrit en grand pour aspirer de l'air mais ne trouva que la masse d'eau opaque qui constituait le milieu de son éveil. L'eau salée s'engouffra désagréablement dans sa trachée puis ses poumons, atrocement brûlante. Alors qu'il s'engourdissait et perdait conscience, il tendit une main vers la surface, coulant comme une pierre vers le fond d'un noir d'encre. Là ou sa vie aurait dû défiler devant ses yeux, pour lui apporter quelques derniers souvenirs doux et rassurants auquels s'accrocher, ses derniers regrets, ce qu'il n'aurait pas aimé quitter, ne vint qu'un mur blanc et lisse. Il mourrait sans même savoir qui il avait été.

     

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    Il sentit à peine qu'on l'attrapait et qu'on le hissait vers le haut. La sensation que lui procura la brise marine sur son visage lorsqu'il franchit la barrière d'eau lui parut à peine plus réelle qu'un lointain rêve et même la toux violente qui le secoua de part en part pour expulser l'eau de mer ne lui laissa que de vagues souvenirs.

     

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    La seule chose qui s'ancra dans sa mémoire fût un visage. Un visage doux et rassurant qui se penchait sur lui avec inquiétude. Il aurait aimé pouvoir articuler quelque chose, exprimer sa gratitude. Mais avant même d'avoir réussi à le formuler dans sa tête, il sombra dans l'inconscience la plus lourde et la plus noire qu'il n'eut jamais connue.


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    Etrangement, le feu qui ronflait dans l'âtre n'avait rien de rassurant et ne réchauffait aucun d'entre eux. Il régnait une ambiance glaciale, morbide, comme une veillée funèbre, sauf qu'elle refusait d'y croire. Comment pouvaient-ils tous le condamner? Eux qui ne devaient leur bedaine habillée de soie criarde que grâce à lui! Comment pouvaient-ils se tenir là, silencieux, comme acceptant déjà la défaite et bataillant en douce pour les restes qu'ils pouvaient se partager une fois l'affaire devenue officielle. Comment osaient-il?

     

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    " Ce n'est... Clairement pas bon signe..." Soufflait gravement Farïn dit "Le Roi Solide", maître des Monts de Rocdur loin dans l'ouest.

    Il était le souverain du peuple nain, par transmission filiale. Les nains avait une façon particulière de transmettre le pouvoir de leur couronne dans le sens où elle n'était pas automatiquement transmise au fils aîné. Pour ce qu'elle en savait, la fraterie entière devait passer un obscur rituel qui permettait de déterminer lequel des fils obtiendrait le titre. La cérémonie en question personne ne la connaissait vraiment et les nains gardaient leur folklore et leur culture pour eux. Elle avait apprit au cours de ses classes et de ses voyages que ce peuple discret, réfugié dans les montagnes, avait su s'imposer sur le plan politique par leur ingéniosité plus que par leur ressources minières. Même si le métal avait son importance, c'était les mécanismes et les machines qu'ils avaient mit au point qui leur avait permis de s'affirmer dans ce monde. Elle n'appréciait pas Farïn outre mesure mais elle se demandait parfois si cette animosité n'était pas dû au constant secret et à la méfiance exacerbée et générale des nains à l'égard des autres peuple d'Yshia. En tout cas, cette nuit, il semblait bien être le seul à sembler réellement se soucier de son empereur agonisant.

     

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    Tous les autres souverains, qui avaient entreprit le voyage en urgence pour se rendre à la cité impériale de Leonheart ne restaient que trop discrets sur leurs sentiments. Tous adoptait une réserve trop courtoise à son goût. Avaient-ils peur de paraître soulagés? De laisser transparaître les projets que sa mort pourrait ouvrir? Elle préfèra chasser ces pensées. Les circonstances la troublaient voilà tout. Aucun ici n'avait jamais failli quant à sa fidélité à l'empire. Tous savait ce qu'il lui devait, même les Elfes Noirs. Oui, même eux qui pourtant ne juraient même pas fidélité à leur propre roi reconnaissait l'empereur humain.

     

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    Pourtant, malgré tout l'amour qu'il inspirait, l'empereur, son père... Il avait été assassiné! En y resongeant les larmes jaillirent à nouveau sans qu'elle puisse les arrêter.


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    " Peppie, reprend-toi!"

    Elle sursauta et détourna bien vite le regard pour se soustraire à l'expression sévère qu'arborait Diurn Menerken, son supérieur. Bien qu'elle fut la fille aînée de l'empereur, son statut de femme lui interdisait l'accès au trône au profit de son frère cadet. Elle aurait pu se contenter de tenir son rôle de princesse. Accepter les terres que son frère lui lèguerait, épouser un seigneur, gérer ses paysans et ne plus se soucier des problèmes de l'empire. Mais voilà, Peppie aimait Yshia. Et lui être inutile lui paraissait insurmontable. Elle avait donc renoncé à son statut et à son sang royal pour intégrer la prestigieuse Garde d'Elite de l'Empire. Un groupe de soldats, sélectionnés parmi les meilleurs faits d'armes de tout Yshia, qui ne vivait que pour assurer la sécurité de l'Empereur. Une tâche dans laquelle ils avaient tous failli quelques semaines en arrière.

     

     

    " Tu était la fille aînée de Cererus mais à présent tu es surtout un membre de la Garde d'Elite. Tu as fait serment de protéger l'Empereur et l'Empire. Tous ici ont besoin de te savoir forte et déterminée. Comment comptes-tu les convaincre que tout ira bien si tu pleurniches comme une enfant?" Insista Diurn.

    "Pardon monseigneur! Cela ne se reproduira plus." S'excusa-t-elle.

    Diurn ne plaisantait jamais lorsqu'il s'agissait de la Garde. Il gérait les meilleurs éléments d'Yshia et attendait d'eux une attitude irréprochable, aussi forte et digne que le voulait la réputation de son unité.

     

     

    De ce que Peppie avait pu constater, les membres de la Garde étaient, pour la majorité d'entre eux, issus de familles très nobles. S'ajoutait parfois à eux quelques héros locaux, ou des soldats de seconde classe ayant effectué des actes de bravoure particulièrement populaire. La Garde était aussi une image. Ses membres devaient rester, aux yeux du peuple d'Yshia, une source d'espoir, fidélisant le peuple à l'empire en leur apportant à la fois un profond sentiment de sécurité et une certaine fierté.

    Ainsi, par exemple, le jeune homme qui se tenait sur la droite de Diurn (et qui d'une règle générale le suivait un peu partout) se nommait Clerfield Johvnan, huitième né de la très pretigieuse famille. Les Johvnan avait juré fidélité à l'empire plus de 1500 ans auparavant et , n'avait jamais failli dans leur serment jusque là.

     

     

    Mais étrangement, bien que tous les autres membre de la Garde remplissait cette condition siné qua non de popularité, il y'en avait un qui semblait échapper à cette règle...


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    Nocte Lutor...  

    S'il existait un nom qu'il ne fallait en aucun cas prononcer dans l'enceinte de la cité impériale c'était celui de Lutor. Tout comme les Johvnan, les Lutor avaient fait partie des plus anciennes familles à mettre un genou à terre devant la famille impériale. Mais contre toute attente, 20 ans plus tôt, ils s'étaient brusquement rebellés contre l'empire. Peppie était jeune, mais elle s'en souvenait un peu. Tous les Lutor avaient quitté la cité impériale en pleine nuit, pour rejoindre des groupes rebelles ou se retrancher sur leurs terres. Elle ignorait la raison de la scission mais elle savait bien, en revanche, la haine et la méfiance que le nom de Lutor déclenchait depuis lors chez les alliés de l'empire.

    Aussi l'intégration d'un héritier des Lutor dans la Garde restait un mystère à ses yeux.

     

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    Pourtant, l'ordre ne pouvait venir que de l'Empereur en personne, son père. Car même si Diurne était celui qui soumettait les candidatures (et Peppie était sûre qu'il n'avait pas pu soummettre celle de Nocte, il ne le portait absolument pas dans son coeur et ne l'avait intégré que de très mauvaise grâce parmi la Garde) c'était l'Empereur et lui seul qui acceptait ou non la candidature.

    Cela ne répondait pas à sa question sur comment Nocte s'était retrouvé là, mais cela donnait au moins une légitimité à sa présence. Quoi que comme la plupart des autres membres de la garde, Peppie s'était toujours tenue éloignée de lui, le jugeant avec méfiance et se satisfaisant de voir Diurne l'assigner à des tâches sans importance, à l'écart en général.

    Mais voilà, lorsque l'assassin s'en était prit à l'Empereur et avait réussit à mettre à terre l'intégralité des hommes de la Garde présent sur les lieux, Nocte n'avait pas ménager ses efforts. Il avait fait partie des derniers à lui résister. Et lorsque l'assassin s'en était prit à elle, elle avait perdu, baissé sa garde. Et si Nocte n'avait pas été là...

    Cette nuit là Nocte lui avait sauvé la vie et avait prouvé à tous qu'il méritait sa place au sein de la Garde d'Elite de l'Empire...

     

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    Mais maintenant qu'elle était là, elle réalisait que son père n'était pas le seul à pouvoir forcer l'entrée d'un homme comme Nocte dans la Garde. Edern aussi posséfait ce genre de privilèges.

     


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    Tout ce qu'elle connaissait de lui était son nom : Edern. C'était un sorcier, pour ce qu'elle en savait, le plus puissant de tout l'empire. Et il ne se passait rien au sein d'Yshia sans qu'il ne soit au courant, où qu'il en soit pour quelque chose. Son père avait laissé sous entendre qu'Edern pouvait voir ce qui pour les autres mortels demeurait invisible, non seulement à travers l'espace mais aussi à travers le temps.

    Peppie ne croyait pas qu'il était possible de pouvoir prédire l'avenir. Et le fait qu'Edern n'ai pu prévenir la tentative d'assassinat de son père le confirmait. Mais ce dont elle était sûre en tout cas, c'est que son Père n'avait jamais refusé une idée qui provenait d'Edern, aussi farfelue, étrange ou dangereuse qu'elle puisse être.

     

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    Elle ne l'avait aperçu qu'en de très rares occasions. Il ne sortait de sa tour qu'en cas de grandes nécéssité. Même lors des cérémonies officielles il se laissait le loisir de ne pas apparaître. Elle avait toujours eut un peu peur de lui. Comme tout le monde à vrai dire. Le mystère qui entourait Edern faisait naître de nombreux fantasmes à son sujet. Et ils étaient d'autant plus effrayants que son emprise sur l'Empire était grande. Au point d'égaler, voir de dépasser celle de l'Empereur lui-même.

    Si l'Empereur mourrait, les choses ne resteraient sans doute pas ainsi pour lui. Elle n'avait plus revu son frère cadet depuis qu'elle était partie effectuer ses classes pour entrer dans la Garde 3 ans plus tôt. Mais elle souvenait qu'Elethus n'avait pas la même fascination que son père pour le sorcier.

    Edern pouvait donc être responsable de l'incorporation de Nocte, mais rien n'était moins sûr. Surtout que comme les autres, Nocte paraissait peu à l'aise en sa présence.

     

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    Mais, même s'il fallait reconnaître que les origines de Nocte faisait émerger des questions, les membres de la Garde s'étaient montré plus qu'injustes avec lui. Peppie l'avait vu se battre, sa fidélité envers l'Empire ne faisait aucun doute à ses yeux. Elle savait que tous n'étaient pas aussi indulgent qu'elle et soupçonnait même Nocte d'être impliqué dans la tentative d'assassinat. Elle n'y croyait pas.


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    Elle soupira puis reporta à nouveau son regard sur la porte de la chambre de son père. Cela faisait un moment maintenant que le Grand-Prêtre Orpheus y avait conduis son frère. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qui pouvait s'y passer. Elle n'avait pas le droit d'entrer et même elle ne savait que très peu de chose sur l'état de santé de son père.

    Il avait été gravement blessé lors de l'attentat mais avait survécu. Cela faisait des semaines qu'il luttait contre ses blessures. Et il y'a quelques jours, Orpheus les avait tous convoqués.

     

     

    Si Orpheus avait convoqué toutes les forces politiques de l'empire, c'est que la nouvelle à anoncer devait être de première importance. Certes, elle pouvait concerner la mort de l'Empereur et c'était ce à quoi tous ici s'attendait. Mais Peppie tenait à garder espoir. Il pouvait y avoir d'autres raisons, comme l'identification de l'assassin par exemple. Oui, elle voulait s'accrocher à l'espoir, aussi mince pouvait-il être, que son père parviendrait à rester en vie.

     

     

    A peine avait-elle formulé cette prière silencieusement que la porte s'ouvrait pour laisser passer Orpheus, l'air grave. Il émanait de l'obscurité de la chambre une odeur lourde, désagréable et âcre. Une odeur d'homme malade, songea Peppie pour se rassurer.

     

     

     L'entrée du Grand Prêtre mit immédiatement fin aux rares conversations qui avaient démarré dans le petit salon. Tous s'étaient retourné vers lui et ne le quittaient plus des yeux, attendant le Verdict.

    " Mes Seigneurs, merci d'être venu aussi vite." Commença-t-il gravement. " Je sais que pour certains d'entre-vous, le voyage a été long..."

     


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    Derrière Orpheus, dans la pénombre, Peppie pouvait voir se dessiner discrètement la silhouette de son frère aîné.

    " Comme vous le savez tous, il y'a 34 jours, un homme s'en est prit à notre bien-aimé Empereur et est parvenu à le blesser gravement au sein même du palais Impérial."

    Comme la plupart des personnes qui se tenaient dans le salon, Peppie hocha la tête, le souffle court.

     

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    "Il s'est vaillamment battu, mais malgré tous mes soins, notre empereur a finit par succomber à ses blessures.  Son unique héritier, Elethus Drakenfall, reprendra ses fonctions dès que la cérémonie officielle aura pu être prononcée. En tant que représentant du Grand Temple de Millad, j'assurerais la Régence jusqu'au moment venu... L'empereur... Est mort."

    Il avait martelé la dernière phrase, comme pour ancrer dans le silence béat la fatale nouvelle, supprimer tout espoir d'avoir mal compris, ou d'assister à une mauvaise blague. Peppie masqua juste à temps le hoquet de surprise attérée qui la prit par surprise. Diurne avait été très clair. Elle ne devait pas pleurer. Elle représentait une image de la force de l'Empire et sa détermination devait sauter aux yeux de tous. Elle ne devait pas pleurer.

     

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    "Je crois qu'il n'existe pas de plus triste façon de prendre ses fonctions..." Soupira Elethus en s'avançant discrètement dans le salon.

    La dernière fois qu'elle l'avait vu, il n'avait que 14 ans. Il ne faisait que la moitié de sa taille actuelle et ressemblait à un petit garçon. Il était devenu un homme à présent. Plus frêle que la plupart des soldats qu'elle côtoyait à présent certes, mais un homme bien bâti tout de même, musclé et agile sous sa longue tignasse de cheveux blond. Et elle ne se souvenait pas l'avoir vu un jour arborer cet air si grave et sombre. Il avait grandit si vite pendant ces 4 années de formation! Elle le reconnaissait à peine et cela la désolait. Le petit garçon rieur et farceur lui manquait déjà terriblement.

     

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    Elle réalisa alors que Nocte aussi le fixait avec insistance. Mais son regard à lui n'avait rien d'affectueux ou de nostalgique. Il faisait froid dans le dos. Ses yeux le transperçaient, froids, implacables, accusateurs. Elethus ne semblait même pas le remarquer. Elle frissonna. Pourquoi Nocte semblait-il si effrayant tout à coup? Il s'était mit en première ligne pour arrêter le meurtrier de son père et il l'avait sauvée. Sa fidélité à l'Empire n'était donc plus à prouver...

     

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    Alors pourquoi diable adresser à son futur Empereur et devant tous les seigneurs influents de ce monde, ce regard assassin que personne ne pouvait rater. La réputation des Lutor n'était plus à faire et la place de Nocte en dehors d'un cachot n'avait toujours tenue qu'à un fil. Exposer son mécontentement ainsi relevait du suicide.

    Qu'est-ce que Nocte pouvait bien reprocher à son frère pour se mettre en danger ainsi?


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    Mais Peppie n'avait plus le coeur à se poser davantage de question. Dès qu'elle le put, elle se faufila à l'intérieur de la chambre pour se recueillir sur la dépouille de son défunt père. Elle était bien incapable de dire combien de temps elle était restée devant le lit à chercher le courage de s'approcher de la forme recroquevillée et immobile dans la pénombre. Mais avant qu'elle ne puisse le faire, un mince filet de lumière vient perturber son recueillement.

    - Tu ne devrais pas être ici...

     

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    - Je le sais bien Elethus... Je le sais... Mais je n'ai pas le courage de rejoindre les autres membres de la Garde! Pas tout de suite...

    Elle prit une pause en sentant sa gorge se nouer. Elle ne voulait pas pleurer devant lui. Avant d'être son frère, il était avant tout son nouvel empereur.

    - Je dois.. Je dois d'abord lui demander pardon! Souffla-t-elle tout de même.

    Derrière elle, elle l'entendit soupirer.

    - Pourquoi?

     

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    - Elethus, j'ai fait le serment de le protéger!

    - Tu as fait serment de protéger l'Empereur Peppie. Et je serais Empereur bientôt. Je comprends ta peine et je la partage, mais Yshia a besoin de nous. Maintenant plus que jamais!

    - Je sais...

    Elle baissai les yeux, honteuse. Quelle piètre membre de la Garde elle faisait! Incapable de protéger son Empereur, incapable de remplir ses devoirs les plus simples comme celui de se montrer aussi digne et forte que le réclamait sa fonction.


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    Elethus prit son menton entre son pouce et son index pour la forcer à relever la tête.

    - Ne sois pas triste ma soeur. Nous sommes tous les deux à présent! Nous affronterons cette situations terrible ensemble. Nous trouverons l'assassin de père et nous remettrons l'Empire sur pied, tous les deux!

    Peppie ocha la tête sans grande conviction. Sa peine l'empêchait de se projeter dans l'avenir. Une seule envie l'obsédait et ne consistait qu'à se rouler en boule dans son lit pour oublier ces derniers horribles jours.

     

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    - D'ailleurs," reprit Elethus, "Orphéus a l'intention d'attribuer à des membres de la Garde la charge de retrouver, pourchasser et ramener mort ou vif l'auteur de l'attentat. En temps que futur Empereur j'ai évidemment le droit de donner mon mot à dire dans ce projet."

    Peppie approuva d'un signe de tête. Mais intérieurement une question l'obsédait. Pourchasser l'auteur du crime oui. Mais Peppie avait du mal à imaginer qu'il fût le seul véritable auteur de son attentat. En réalité, cela lui semblait bien plus logique, à la vue des risques pratiquement suicidaire qu'il avait prit, qu'il n'était pas grand chose de plus qu'un instrument.

    - Sache que je suis volontaire! L'informat-elle.

    Cette question était si obsédante que l'envie de s'en occuper elle même la faisait bouillonner.

     

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    - Je me doutais que tu y tiendrais... J'en avais un peu peur... Avoua Elethus.

    - Comment ça?

    - Peppie... J'ai failli te perdre en même temps que père! Tu aurais pu mourrir toi aussi ce soir là! Je n'ai pas tellement envie de te savoir à la poursuite de cet homme! Mais si c'est ton choix, je ferai de mon mieux pour que cette mission te sois confiée! Même si ça me terrifie!

    - Elethus je...

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    Il l'attira brusquement contre lui, coupant court à sa tentative de lui parler.

    - Je suis heureux de te retrouver Peppie! Peu importe les circonstances! J'espère pouvoir te garder auprès de moi aussi longtemps que durera mon règne!

     

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    Peppie lui rendit son étreinte, bien que timidement. Même si cette étreinte fraternelle lui faisait plaisir et chassait légèrement sa tristesse et son abattement, quelque chose la mettait mal à l'aise. Elle avait du mal à reconnaître dans l'homme qui lui faisait face le petit frère qu'elle avait quitté des années plus tôt.


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